Mesdames les dentellières, vous aimez réaliser des éventails en dentelle.
Mais connaissez vous son origine et son histoire?
Arme de la féminité, aux langages multiples.
Ici les éventails de Chantal Hervieux, Blondes et polychrome de Caen. (couvige de Blavozy)
Son origine remonte dans les profondeurs de l'antiquité.
D'estiné à protéger du soleil, à rafraichir et à repousser les insectes.
On le nommait autrefois, et ce jusqu'au XVIe siècle : ESMOUCHOIRS
De simple écran, il devient plissé à partir du milieu du XVIIe siècle. La demande
est tellement importante que la production nécessite la fondation d'une corporation
spéciale de maîtres éventaillistes.
Au milieu du XVIIIe siècle Paris comptait plus de 150 ateliers éventaillistes, où travaillaient
6000 ouvrières.
Photos du livre: éventails
éventail," écran"
Ici de plus près.
Celui ci, collection privée.
L' EVENTAIL, OU LE VENTILATEUR MANUEL.
Rien n'est simple de ce qui est employé par les femmes au grand art de plaire.
Qui s'en douterait?
Il ne faut pas moins de quinze ou vingt personnes pour fabriquer un éventail.
Ce sont d'abord les tabletiers qui font la monture, en termes de métier, le bois,
c'est à dire l'ensemble des lames de bois, de nacre, d'os ou d'ivoire, appelés brins,
qui formeront le dedans de l'éventail et les deux brins, plus hauts et plus forts, qui,
sous le nom de panaches, protégeront la feuille de l'éventail quand il sera fermé.
Les brins, une fois débités, sont remis au façonneur, qui doit leur donner avec une lime
la forme voulue, puis au polisseur, puis au découpeur.
Viennent ensuite le graveur qui burine les brins, le ciseleur qui les sculpte en les ajourant,
le doreur qui les dore et l'ouvrier dont la fonction est d'y poser des paillettes d'argent
oxydé, d'acier bruni, d'or ou de cuivre. Et tout cela n'est pas encore le pied de l'éventail,
car il faut réunir les brins et les panaches avec une broche de métal qui en fait la rivure.
Pendant ce temps, sur une feuille de vélin, de canepin, de soie ou de crêpe, le feuilliste
a peint à gouache tel ou tel sujet qui est composé pour être reproduit par la gravure
ou la lithographie et qui servira de modèles pour le coloriage des épreuves.
quelquefois c'est un artiste éminent qui ne dédaigne pas de décorer un riche
éventail en y peignant des figures galantes, des conversations, des paysages,
de petits médaillons qui, ne devant pas être multipliés par la gravure, font de
l'éventail ainsi orné un exemplaire unique et d'un grand prix.
Maintenant, il reste a fixer cette feuille sur la monture: pour cela, on allonge
les brins en y introduisant de flèches souples et minces qui porteront le papier
ou la soie qu'on a d'abord plissés, puis on dore la bordure, ensuite on enjolive
les brins et les panaches en y incrustant des reliefs en couleur ou de petits miroirs.
Enfin la visiteuse vient mettre la dernière main a l'ouvrage et en achever la tournure
en y ajoutant des glands, des houppes, des marabouts et, lorsqu'on a fini de forger
cette arme redoutable de la coquetterie, on l'enferme dans un étui comme une lame
de bonne trempe dans un fourreau.
Pour une Espagnole, toutes les intrigues de l'amour, toutes les manoeuvres de
la galanterie sont cachées dans les plis de son éventail.
Les audaces furtives du regard, les aventures de la parole, les aveux risqués,
les demi mots proférés du bout des lèvres, tout cela est dissimulé par l'éventail
qui a l'air d'interdire ce qu'il permet de faire, et d'intercepter ce qu'il envoie.
extrait de : L'art dans la parure et dans le vêtement par Charles Blanc
Paris 1882.
- Eventails : Alexandre F. TCHERVIAKOV.
Bonne soirée